La Philocalie–Desclée de Brouwer/J.–C. Lattès, p. 151-152

91. L’ennemi connaît bien la justice de la loi spirituelle, et il ne cherche que le consentement de l’intelligence. Ainsi, ou bien il soumettra aux dures peines du repentir celui qui est en son pouvoir, ou bien il tourmentera des ses attaques, pour le contraindre, celui qui ne se repent pas. Il le dispose même parfois à résister aux attaques, afin de multiplier les peines, là encore, et de susciter, à l’heure de la mort, par le manque de patience, le manque de foi.

92. Devant ce qui arrive, beaucoup résistent de toute leur force. Mais en dehors de la prière et du repentir, nul n’échappe au danger.

93. Les maux se renforcent l’un par l’autre. De même, les biens s’accroissent mutuellement et portent toujours plus avant qui les reçoit en partage.

94. Le diable fait négliger les petites fautes. Autrement, il lui serait impossible d’amener à un plus grand bal.

95. La racine du désir mauvais, c’est la louange des hommes. De même la racine de la chasteté, c’est le blâme de la malice, non pas seulement quand nous l’entendons, mais quand nous l’assumons.

96. Rien ne sert d’avoir renoncé à tout si l’on se livre au plaisir. Ce qu’on faisait avec les richesses, on le met encore en œuvre quand on n’a plus rien.

97. Inversement l’ascète, s’il acquiert des richesses, est en esprit le frère du précédent. Ils ont la même mère, par le plaisir que prend leur intelligence. Mais ils ont un père différent, par le changement de passion.

98. Tel qui s’arrache à une passion pour se livrer à un plus grand plaisir est glorifié par ceux qui ignorent son but. Mais sans doute ignore-t-il lui même que ce qu’il fait ne sert à rien.

99. La source de toute malice, c’est la vaine gloire et le plaisir. Celui qui ne les déteste pas ne viendra pas à bout de la passion.

100. Il est dit que la racine de tous les maux est l’amour de l’argent (Cf. I Tim. 6,10). Mais il est clair que lui aussi existe en eux.