La Philocalie–Desclée de Brouwer/J.–C. Lattès, p. 170

150. Celui qui a reconnu la vérité ne se révolte pas contre les malheurs qui l’affligent. Car il sait qu’ils mènent l’homme à la crainte de Dieu.

151. Les fautes passées, s’il s’en souvient précisément, nuisent à celui qui a une bonne espérance. Car si elles suscitent la tristesse, elles affaiblissent l’espérance. Mais si elles se laissent représenter sans tristesse, elles ramènent l’ancienne souillure.

152. Quand l’intelligence, par le renoncement à soi-même, s’attache à la seule espérance, alors l’ennemi, sous prétexte de confession, lui représente les fautes passées, en vue de ranimer en elle des passions que la grâce de Dieu lui avait fait oublier, et ainsi de nuire à l’homme à son insu. Serait-elle lumineuse, et aurait-elle en aversion les passions, l’intelligence sera en effet nécessairement entourée de ténèbres, et de nouveau mêlée à ces erreurs anciennes. Se retrouvant dans les brumes et l’amour du plaisir, elle s’attardera de toutes manières et se livrera passionnément aux suggestions, si bien qu’un tel souvenir sera une tendance, et non une confession.

153. Si tu veux offrir à Dieu une confession irréprochable, ne repasse pas dans ta mémoire tes défaillances, mais résiste courageusement à leurs attaques.

154. Les épreuves nous viennent des fautes passées. Elles nous apportent ce qui résulte naturellement de toute offense.

155. Le gnostique, celui qui connaît la vérité, se confesse devant Dieu non par le rappel de ce qu’il a fait, mais par la patience dans ce qui lui arrive.

156. Si tu rejettes la peine et le déshonneur, n’annonce pas que tu vas te repentir par le moyen d’autres vertus. Car la vaine gloire et l’insensibilité asservissent naturellement au péché, même par les voies de droite.

157. De même, en effet, que la peine et le déshonneur engendrent habituellement les vertus, de même le plaisir et la vaine gloire engendrent les vices.