La Philocalie–Desclée de Brouwer/J.–C. Lattès, p. 374

7. Si l’âme est plus haute que le corps et si Dieu qui l’a crée est incomparablement plus haut que le monde, celui qui préfère le corps à l’âme et à Dieu le monde qu’il a créé, ne diffère en rien des idolâtres.

8. Celui qui a éloigné l’intelligence de l’amour et de l’assiduité que nous devons à Dieu pour attacher celle-ci à quelque chose de sensible, un tel homme préfère le corps à l’âme et à Dieu Créateur ses créatures.

9. Si la vie de l’intelligence est l’illumination de la connaissance, et si cette illumination naît de l’amour de Dieu, on a bien raison de dire que rien n’est plus grand que l’amour divin.

10. Quand, par le désir ardent de l’amour, l’intelligence émigre vers Dieu, alors elle ne sent absolument plus aucun des êtres. Tout illuminée par la lumière infinie de Dieu, elle est insensible à tout ce qu’il a créé, de même que l’œil ne voit plus les étoiles quand le soleil se lève.

11. Toutes les vertus aident l’intelligence à parvenir au désir ardent de Dieu, mais plus que toutes la prière pure. Par cette prière, s’élevant vers Dieu comme sur des ailes, l’intelligence se dégage de tous les êtres.

12. Lorsque l’intelligence est ravie dans l’amour par la connaissance de Dieu et que, dégagée des êtres, elle sent l’infinité divine, alors, frappée de crainte comme le divin Isaïe, elle prend conscience de sa propre bassesse et elle est portée à dire les paroles du prophète : « Malheur à moi ! Je suis perdu. Car je suis un homme aux lèvres impures. Je demeure au milieu d’un peuple qui a les lèvres impures. Et j’ai vu de mes yeux le Roi, le Seigneur des Puissances. (Is. 6,5). »