Sur la Dormition, I,9-10 (SC 80 p.107-111)

Ainsi les prophètes te célèbrent, les anges te sont soumis, les apôtres sont à ton service ; le disciple demeuré vierge et l’oracle de Dieu, te sert, toi la toujours-vierge et la Mère de Dieu. En ce jour où tu t’en allas vers ton Fils, les anges, les âmes des justes, des patriarches, des prophètes t’entouraient d’honneur ; les apôtres te faisaient escorte, avec la foule immense des Pères divinement inspirés. […]

Oh ! comment la source de la vie est-elle conduite à la vie en passant par la mort ? Ô surprise ! celle qui dans l’enfantement a surmonté les limites de la nature, maintenant se courbe sous ses lois, et son corps immaculé est soumis à la mort.

Il faut en effet déposer ce qui est mortel pour revêtir l’incorruptibilité, puisque le Maître de la nature lui-même n’a pas refusé l’expérience de la mort. Car il meurt selon la chair, et par sa mort il détruit la mort, à la corruption il confère l’incorruptibilité,et fait du trépas la source de la résurrection. […]. Ô l’incomparable passage, qui te vaut la grâce d’émigrer vers Dieu ! […]

Alors comment appellerons-nous ce mystère qui s’accomplit en toi ? Une mort ? Mais si, comme le veut la nature, ton âme toute sainte et bienheureuse est séparée de ton corps béni et immaculé, et si ce corps est livré à la tombe suivant la loi commune, cependant il ne séjourne pas dans la mort et n’est pas détruit par la corruption. Pour celle dont la virginité est restée intacte dans l’enfantement, au départ de cette vie, le corps est gardé sans décomposition, et placé dans une demeure meilleure et plus divine, hors des atteintes de la mort, et capable de durer pour toute l’infinité des siècles. […]

Ainsi toi, source permanente de la vraie lumière, inépuisable trésor de celui qui est la vie même, efflorescence féconde de bénédiction, toi qui es pour nous la cause et la donatrice de tous les biens, même si, par une séparation temporaire, ton corps disparaît dans la mort, cependant tu fais jaillir pour nous, libéralement, les flots incessants, purs, intarissables de la lumière infinie, de la vie immortelle et de la vraie félicité, des fleuves de grâce, des sources de guérisons, une bénédiction perpétuelle.