Homélies sur l’évangile de Matthieu, n°21, 1 ; PG 57, 294

Comme un médecin sage qui avertit son malade du bien qu’il récoltera s’il suit ses conseils et du danger qu’il court à les négliger, le Christ nous incite à choisir la douceur de son joug (Mt 11,30) plutôt qu’un dur esclavage, lui témoigner notre amour en méprisant les biens périssables. (…)

Le mal que vous causent les richesses, dit-il, n’est pas seulement de vous exposer aux attaques des voleurs et de remplir votre esprit de ténèbres épaisses qui aveuglent. Le grand mal qu’elles font, c’est de nous arracher au service du Christ pour nous rendre esclaves d’un maître insensible et inanimé ; elles rompent le lien qui nous attache à Dieu et donc nous enlèvent le bien qui nous est le plus nécessaire. (…) « Vous ne pouvez pas servir Dieu et l’Argent. » Tremblons, frères, à la pensée que nous forçons le Christ de nous parler de l’argent comme d’une divinité opposée à Dieu ! (…)

Mais, direz-vous, les patriarches n’ont-ils pas été riches ? Abraham et Job avaient de grands biens : étaient-ils moins vertueux parce qu’ils vivaient dans l’abondance ? Je ne vous parle pas ici ceux qui ont possédé les richesses, mais ceux qui en ont été possédés. Job était riche ; il se servait de l’argent, mais il ne servait pas l’argent. Il en était le maître et non l’esclave. Il s’en servait pour venir en aide aux pauvres (…), considérait ses biens comme un dépôt dont il assurait la gestion, se voyait comme le dispensateur et non comme le propriétaire. (…) C’est pourquoi, quand il les a perdus, il ne les a pas regrettés.