L’Ancien Joseph l’hésychaste par le père Joseph de Vatopaidi, les Éditions du Cerf, 2002, pages.153-154-155

« Quand nous interrogions l’Ancien sur la principale cause de l’échec de l’homme à réaliser sa vocation spirituelle. Il avait coutume de nous répondre que c’était la négligence – dans le langage des Pères, on la nomme acédie et paresse, termes qui signifient tous la même chose : la mort de l’âme –

Un jour je lui demandai pourquoi les Pères font prévaloir que la cause en est la vanité ? Il me répondit : Oui, elle aussi s’en prend à nous, mais pas à tous, seulement à ceux qu’elle a séduits, et de plus en plus à un petit nombre d’entre eux. Car la vanité corrompt ceux qui ont déjà amassés des trésors, alors que la négligence empêche même de commencer à les amasser.

La vanité nuit à ceux qui déjà portent du fruit, ceux qui ont déjà progressé, mais la négligence cause du tort à tous : elle empêche ceux qui le désirent de commencer, elle arrête ceux qui commencent, elle empêche ceux qui sont ignorants d’apprendre, ceux qui sont dans l’erreur de revenir sur leurs pas, ceux qui sont tombés de se relever.

En général, la négligence est un fléau pour tous ceux qu’elle tient captifs. Sous le prétexte de nécessités naturelles, de fatigue lors du combat, cette séductrice se rend crédible et, comme une manipulatrice habile, l’acédie nous manœuvre en nous livrant à la philautie (Amour passionné de soi) … 

A mon avis, concluait l’Ancien, toutes les autres passions qui emportent les combattants ne sont que des complications de la négligence. Celle-ci, en émoussant l’attention, provoque une brèche permettant aux passions apparentées et proches par nature de s’introduire et d’asservir l’homme. Ne soyez pas négligents, mes enfants, pour ne pas tomber aux mains des bandits ! nous criait-il souvent. »