Le staretz Séraphim de Sarov, traduction Louis-Albert Lassus – O.E.I.L. 1984, p.47
Une fois, le hiéromoine Antoine, supérieur d’un monastère voisin et plus tard higoumène de la Trinité Saint-Serge, entre chez le père Séraphin au moment où il parle avec un commerçant, l’exhortant à abandonner sa vie de débauche. L’homme tout ému verse des larmes de repentance.
Antoine, bouleversé, demande au staretz : « Comment donc peux-tu lire ainsi dans les cœurs sans que rien ne te soit caché ? » « Non, non, ma joie, réplique Séraphim, le cœur humain n’est ouvert qu’à Dieu seul ; l’homme qui s’en approche se trouve devant un abîme. »
Mais comme le père Antoine insiste, le staretz, après un long silence, lui dit : « Vois-tu, cet homme est venu comme tous les autres, comme toi, voyant en moi un serviteur de Dieu, ce que je suis certes quoique misérable et indigne. Et je ne donne à celui qui demande que ce que Dieu m’ordonne de lui donner.
La première parole qui me vient, je la crois inspirée par l’Esprit Saint et lorsque je me mets à parler, je ne sais vraiment pas ce que l’autre a dans son cœur. Je sais seulement que Dieu dirige mes paroles pour son bien. Comme le fer qui s’abandonne au forgeron, je me suis entièrement livré à Dieu et c’est lui seul qui agit. »


















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