Lettres des Pères du Désert : Ammonas, Macaire, Arsène, Sérapion de Thumis – Spiritualité Orientale, n° 42 – Abbaye de Bellefontaine. Lettre III, p. 8.

Abbé  Ammonas distingue deux sortes de ferveur, l’une initiale qui est encore « agitée et instable » (X,3) et dont Satan peut donner l’illusion (XI,2), l’autre « stable, paisible et sans trouble » qui ne vient qu’après de grandes épreuves (X,3).

L’âme qui a goûté la douceur divine voit bientôt sa première ferveur disparaître. Tout ce qui lui était doux et aisé lui devient pesant et pénible. Des tentations surviennent, provoquées par les démons (IX,1) mais voulues aussi par Dieu pour faire progresser les justes (IX,2-3).

C’est, en effet, une loi générale qui s’est vérifiée dans le Christ et qui s’applique à tout homme qui reçoit l’Esprit : « Quand il a reçu l’Esprit, il est livré au diable pour être tenté. Mais qui le livre sinon l’Esprit de Dieu? Car il est impossible au diable de tenter un fidèle, si Dieu ne le lui livre » (XIII,5). L’Esprit lui-même, après avoir donné aux âmes joie et douceur, s’enfuit et les abandonne. C’est son signe. Il fait cela avec tout âme qui cherche Dieu, pour voir si elle le cherche vraiment (IX,4).

Loin de se décourager et de se relâcher, l’âme doit persévérer plus que jamais dans le renoncement à la volonté propre, dans le jeûne, la prière et les larmes (IX,5). Le Seigneur ne tardera pas à lui accorder une force et une joie nouvelle, « une seconde ferveur meilleure que la première » (X,5), qui retranche toute passion (X,4) et fait monter l’âme « jusqu’au ciel des cieux », « au lieu de son Créateur » (IX,6-7).

Il semble que ceux qui sont parvenus à cette perfection soient désormais à l’abri de toute tentation (IX,6) et affranchis de toute crainte, comme s’ils étaient déjà transférés dans le royaume, tout en étant encore dans le corps. Dès lors ils n’ont plus besoin de prier pour eux-mêmes, mais seulement pour le prochain (VIII,2) et tout ce qu’ils demandent, ils l’obtiennent (II,2 ; III, 1). Mais de tels « justes devenus parfaits » (XIII,3) sont peu nombreux (IV,2), on en trouve seulement quelques-uns à chaque génération (VI,2).