Géronda Parthénios: Nous ne pouvons pas, bien sûr, avoir une réponse à toutes les questions. Cependant, je vais vous donner un exemple [au sujet de la prière], c’est un exemple spirituel:

Au monastère de Saint-Paul, il y avait un jeune homme de vingt-huit ans, diplômé en théologie, qui me demanda à l’époque: « Géronda, est-ce que je peux me confesser? » Je lui répondis: « Que cela soit béni, tu peux te confesser. » 

Nous avons parlé et il m’a exposé ses pensées et tout ce qui le concerne. Nous avons échangé en parlant une langue (grecque) riche et belle. Mais comme je tiens, ou plutôt j’essaie d’être attentif à ce que les jeunes apprennent à prier et qu’ils mettent leur apprentissage en pratique, car c’est ainsi qu’ils se rendent compte qu’il y a une pratique qu’ils ne connaissent pas et c’est celle de la prière. Je lui ai alors dit: « c’est très bien d’avoir appris toutes ces choses, mais tu dois t’appliquer à prier a minima ».

Il répondit: « Je peux faire ça, Géronda ». J’ai alors pris mon chapelet et lui ai dit: « Je vais te montrer comment pratiquer la prière. Voici un chapelet de 100 nœuds avec lequel on prie. Nous tenons le chapelet comme ça et à chaque nœud, nous disons: Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, en faisant le signe de la croix ». Il répliqua: « Merci Géronda, je vais pratiquer cette prière ».

Afin de le tester, je lui dis: « Prends mon chapelet et répète ce que je viens de faire moi-même à l’instant ». Il prit le chapelet, mais il ne savait pas comment faire le signe de la croix! Il ne savait pas comment bouger sa main! Je lui dis alors: « Mon fils, on commence d’abord par réunir nos trois doigts ainsi, les trois doigts réunis en notre main représentent la Trinité Sainte: le Père, le Fils et le Saint Esprit, Trinité consubstantielle et indivisible; et les deux doigts que nous plions montrent les deux natures du Christ, celle divine et celle humaine ».

« Nous commençons ensuite à dessiner le signe de la croix en posant notre main sur le front, puis sur le nombril, l’épaule droite et l’épaule gauche ». Je lui donnai également une explication simplifiée du signe vénérable de la croix. Il y a d’innombrables définitions, mais je lui apportai une définition simple: »en mettant la main sur le front, nous disons que le Dieu du ciel, est descendu (en s’incarnant) sur la terre en ramenant notre main sur le nombril, puis a été élevé sur la croix en déplaçant notre main vers l’épaule droite suivie par l’épaule gauche. Il a prit sur lui tous les péchés du monde ».

Il s’appliqua à faire le signe mais n’y arriva pas. Je pris alors sa main dans la mienne et la fis bouger vers le front puis vers le nombril, puis à droite et ensuite à gauche… Il n’y arrivait pas. Je lui dis: « Je suis absolument stupéfait!!… Tes parents mon fils!! Tu as terminé l’école primaire puis tu es allé au collège, à l’époque il n’y avait pas d’école secondaire. Tu as fait des études universitaires, es devenu théologien et tu ne sais pas faire le signe de la croix?!! Quel enseignement vas-tu donner aux élèves?! Qu’est-ce que tu vas leur enseigner?! »

Que pensez-vous que fut la réponse qu’il me donna? Il me dit: « Géronda, j’ai honte de vous regarder en face! J’ai honte de vous regarder en face! Depuis ma naissance et jusqu’à ce que j’ai fini mes études, personne, jamais, ni ma mère ni mon père, ne m’ont jamais dit de faire le signe de la croix ». C’est pourquoi il est dit: derrière tout bon enfant, se cachent de bons parents. Si nous avons de bons parents, de bons pères spirituels et de bons enseignants, nous aurons une génération angélique.

Nous pouvons avoir de nombreuses universités et d’innombrables écoles, mais tous ces établissements enseignent la sagesse extérieure ou celle du monde et non pas la sagesse intérieure, la sagesse divine. J’ai des témoignages de théologiens et d’autres hommes qui me disent, ici au monastère, que quand ils ont quitté leurs parents ils étaient des enfants bons en tout rapport, mais à la fin de leurs études universitaires, ils ne croyaient plus en rien.

C’est moi qui vous demande, à vous les journalistes de me dire: quelle école enseigne ou disons apprend aux gens à prier? Ils peuvent apprendre avec de bons pères spirituels capables d’enseigner et ils enseignent à présent, mais les portes des écoles leur sont fermées.

Ne vous méprenez pas en pensant que je stigmatise toutes les écoles de par du monde, mais je dis cela en ce qui concerne au moins la Grèce, d’après ce qu’à dit le père Nicodimos ici présent.