La Philocalie–Desclée de Brouwer/J.–C. Lattès, p. 381-382

84. La mémoire porte d’abord dans l’intelligence une simple pensée. Si cette pensée s’invétère, vient la passion. Si la passion n’est pas écartée, elle incline l’intelligence au consentement. Et quand le consentement est là, on en arrive à l’acte du péché. Le très sage Apôtre, écrivant aux chrétiens issus des nations, leur ordonne donc d’en finir d’abord avec le résultat du péché, puis remontant pas à pas et dans l’ordre, d’aboutir à la cause.

Et la cause est la cupidité qui, comme il a été dit, engendre et accroît la passion. Elle peut signifier ici la gourmandise, qui est la mère et la nourricière de la prostitution. Car la cupidité est mauvaise non seulement quand elle s’attache à l’argent, mais quand elle s’attache à la nourriture. De même que la tempérance s’applique non seulement à la nourriture, mais aussi à l’argent.

85. De même qu’un moineau attaché par la patte, s’il se met à voler, retombe sur la terre, retenu par le lien, de même l’intelligence qui n’a pas encore acquis l’impassibilité, si elle s’envole vers la connaissance des choses du ciel, retenue par les passions, retombe sur la terre.

86. Quand l’intelligence s’est totalement délivrée des passions, alors, sans se retourner, elle chemine vers la contemplation des êtres, sur la voie qui mène à la connaissance de la Sainte Trinité.

87. Dès lors qu’elle est pure, l’intelligence, percevant le sens des choses, est menée par elles à la contemplation spirituelle. Mais si, par négligence, elle se fait impure, elle se représente bien les autres choses dans leur simplicité mais, quand elle reçoit ce qui vient des hommes, elle se tourne vers des pensées d’infamie ou de malice.