In Domini corporis supulturam ; PG 98, 251-260 (trad. Bouchet, p. 182 rev.)

« Le peuple qui était assis dans les ténèbres a vu une grande lumière, et sur les habitants du sombre pays une lumière a resplendi » (Is 9,1), la lumière de la rédemption. En voyant la mort qui le tyrannisait blessée à mort, ce peuple revient des ténèbres à la lumière ; de la mort, il passe à la vie.

Le bois de la croix porte celui qui a fait l’univers. Subissant la mort pour ma vie, celui qui porte l’univers est fixé au bois comme un mort ; celui qui insuffle la vie aux morts rend le souffle sur le bois. La croix ne lui fait point honte, mais comme un trophée, elle atteste sa victoire totale. Il siège en juste juge sur le trône de la croix. La couronne d’épines qu’il porte sur le front confirme sa victoire : « Ayez confiance, j’ai vaincu le monde et le prince de ce monde, en portant le péché du monde. » (Jn 16,33; 1,29)

Que la croix soit un triomphe, les pierres elles-mêmes le crient (cf Lc 19,40), ces pierres du Calvaire où Adam, notre premier père, a été enterré, selon une vieille tradition des pères. « Adam où es-tu ? » (Gn 3,9), crie à nouveau le Christ en croix. « Je suis venu là à ta recherche et, pour pouvoir te trouver, j’ai tendu les mains sur la croix. Les mains tendues, je me tourne vers le Père pour rendre grâce de t’avoir trouvé, puis je les tourne aussi vers toi pour t’embrasser. 

Je ne suis pas venu pour juger ton péché, mais pour te sauver par mon amour des hommes (cf Jn 3,17). Je ne suis pas venu te maudire pour ta désobéissance, mais te bénir par mon obéissance. Je te couvrirai de mes ailes, tu trouveras à mon ombre un refuge, ma fidélité te couvrira du bouclier de la croix et tu ne craindras pas la terreur des nuits (Ps 90,1-5), car tu connaîtras le jour sans déclin (Sg 7,10). Je chercherai ta vie, cachée dans les ténèbres et à l’ombre de la mort (Lc 1,79). Je n’aurai de repos, jusqu’à ce que, humilié et descendu jusqu’aux enfers pour t’y chercher, je t’aie reconduit dans le ciel. »