Homélie sur la charité : PG 31, 266 – 267; 275

Pourquoi te tourmenter et faire tant d’efforts pour mettre ta richesse à l’abri derrière le mortier et les briques ? « Le bon renom l’emporte sur de grandes richesses. » (Pr 22,1) Tu aimes l’argent à cause de la considération qu’il te procure. Songe combien plus grande sera ta renommée si l’on peut t’appeler le père, le protecteur de milliers d’enfants, plutôt que de garder dans tes sacs des milliers de pièces d’or.

Que tu le veuilles ou non, tu devras bien un jour laisser là ton argent ; au contraire, la gloire de tout le bien que tu auras fait, tu l’emporteras avec toi jusque devant le souverain Maître, quand tout un peuple, se pressant pour te défendre auprès du juge commun, t’appellera des noms qui diront que tu l’as nourri, que tu l’as assisté, que tu as été bon.

Combien tu devrais être reconnaissant, heureux et fier de l’honneur qui t’est fait : ce n’est pas toi qui dois aller importuner les autres à leur porte, ce sont les autres qui se pressent à la tienne. Mais à ce moment tu t’assombris, tu deviens inabordable, tu fuis les rencontres de peur de devoir lâcher un peu de ce que tu gardes si jalousement. Et tu ne connais qu’un seul mot : « Je n’ai rien, je ne vous donnerai rien, car je suis pauvre.» Pauvre, tu l’es en réalité, et pauvre de tout bien : pauvre d’amour, pauvre de bonté, pauvre de confiance en Dieu, pauvre d’espérance éternelle.