La Philocalie–Desclée de Brouwer/J.–C. Lattès, t.2 – p. 649-650

15. (suite) C’est chose merveilleuse, douce et plein de grâce de comprendre ce qui arrive alors et qui est dans la source, laquelle figure, jaillissant du milieu du cœur, comme on l’a expliqué, le mouvement et l’énergie surnaturels de l’Esprit vivifiant.

La source n’est pas de la nature des plantes, ou de la nature de la terre. Car celles-ci sont autres que la source. L’eau suffit à toutes ces plantes innombrables. Elle qui est une, elles les arrose, les nourrit, les assiste sans mesure, bien qu’elles diffèrent les unes des autres au point d’avoir des tempéraments opposés, les unes étant sèches, d’autres humides, les unes chaudes, d’autres froides. La source, comme je viens de le dire, coule donc pour toute cette diversité des plantes. Elle répand l’eau unique et simple, laquelle est du plus grand secours.

Se divisant en quatre courants, elle fait ainsi ce qui convient à toute plante. Elle n’est donc pas de la nature des choses qui sont en nous, qu’on veuille parler des vertus, ou de la connaissance, ou de la contemplation qui s’y rattache. Mais elle n’est pas non plus de la nature de notre cœur.

Elle est le divin flamboiement surnaturel de Celui qui crée la vie, son mouvement et son énergie intarissables. Elle a été donnée aux fidèles par grâce. Elle vient continuellement du dedans du cœur et va de la même manière vers ce qui lui est étranger. Elle est clairement divisée en quatre vertus, comme je l’ai dit. Ce sont ces quatre vertus qu’elle assiste avant tout. Elle est successivement pour toutes une même eau.

Par elle l’Esprit assiste tout d’abord la prudence. Et par elle la connaissance aide celui qui fait œuvre de justice. Enfin appelée assagissement et puissance, cette eau révèle depuis longtemps son énergie en assistant la chasteté et le courage.