Correspondance – Éditions de Solesmes

212 – Demande du même prêtre au même Vieillard: Lorsque je donne au corps plus que le nécessaire, il ne se prête pas bien à la liturgie, mais en revanche, si je le restreins, je crains qu’il ne défaille complètement; que dois-je donc faire à ce sujet ? Et pour la sainte communion, comme je veux communier chaque jour, si je trouve insupportable de me faire monter la sainte communion à moi pécheur, ne dois-je pas descendre pour communier ? Mais comment alors sauvegarder ma retraite ?

J’ai dit précédemment à ta charité, réponds le Vieillard, les paroles de Jean au Sauveur et tu m’écris encore une fois, à moi insensé et ignorant ? Mais si Jean finalement n’a pas refusé, que suis-je, moi, pour avoir le dédain de refuser ? Je te dis donc la vérité: Je ne suis rien et je ne sais rien, mais par obéïssance, ce que j’ai dans mon coeur, je le dis. Et je ne prétends pas qu’il en soit exactement ainsi, mais ce que j’ai, je le dis: Dieu ne demande pas au malade une liturgie corporelle, mais une liturgie spirituelle, c’est à dire la prière. Il est dit en effet: « Priez sans cesse » (1Th.5,17).

Quant au régime du corps, si, prenant la nourriture voulue, il ne peut accomplir son office, et si, au contraire, quand il ne la prend pas, nous craignons l’affaiblissement, garde le juste milieu, ni tout en haut, ni tout en bas, pour accomplir la parole de l’Ecriture: « Ne t’écarte ni à droite ni à gauche » (Nb 20,17). Mais donne au corps un peu moins que le nécessaire. Voilà en effet la voie des Pères: n’être ni délecté ni accablé par le régime. Pour ce qui est de se faire apporter la sainte communion, chaque fois que ce n’est pas par mépris mais en raison de la faiblesse, la chose n’est pas répréhensible. Car le plus grand des médecins se porte lui-même auprès de ceux qui sont épuisés et qui vont mal, comme depuis longtemps déjà est venu Lui-même à nous, pécheurs et malades, notre Seigneur Jésus. Pardon, Père, car c’est par obéïssance que j’ai parlé, tout indigne que je suis.