Correspondance – Éditions de Solesmes

141 – Réponse du Grand Vieillard à un Père qui lui demandait une petite faveur et l’interrogeait sur l’impassibilité.

Frère, Dieu sait ce qui est utile. Tu m’as demandé à recevoir un pain de ma faiblesse, et à part les trois pains fixés pour la semaine, rien de plus n’entre dans mon cimetière. Mais voilà qu’à l’instant même, par une disposition de Dieu – car il ne fait jamais rien de lui-même -, et avant d’avoir reçu un ordre de moi, le fils de mes douleurs, plus doux que le miel, lui qui regarde tous les autres comme ne faisant qu’un avec lui et qui compte pour sien l’intérêt de tous, le voilà qui est monté avec un pain, et je ne pouvais le renvoyer, me disant: « Il est utile même en cela de retrancher la volonté propre. » J’ai rompu ce pain et je l’adresse à ta charité, me jugeant indigne de ce que je fais. Mais le Seigneur en fera pour toi selon ta foi. Quant à moi, qu’il daigne ne pas me condamner ! S’il est question de cela avec les deux frères qui viennent chez toi, tu peux le leur dire.

Quant à l’impassibilité, c’est un charisme de Dieu, et il l’accorde à qui il veut. Que Dieu te donne la main pour atteindre ce à quoi tu tends avec crainte et selon sa volonté. Amin. Prie pour moi, frère.