Traité sur la fin du monde, 41-43 ; GCS I, 2, 305-307 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 159)

« Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Venez, vous qui avez aimé les pauvres et les étrangers. Venez, vous qui êtes restés fidèles à mon amour, car je suis l’amour… Voici que mon Royaume est préparé et mon ciel ouvert. Voici que mon immortalité apparaît dans toute sa beauté. Venez tous, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde. »

Alors les justes s’étonneront d’être invités à s’approcher comme des amis – ô merveille – de celui dont les troupes angéliques ne peuvent pas avoir une claire vision. Ils lui répondront d’une voix forte : « Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu ? Tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? Maître, tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? Tu étais nu, et nous t’avons habillé, toi que nous révérons ? Toi l’immortel, quand t’avons-nous vu étranger, que nous t’ayons accueilli ? Toi qui aimes les hommes, quand est-ce que nous t’avons vu malade ou en prison, que nous soyons venus vers toi ?

Tu es l’Éternel. Avec le Père, tu es sans commencement, et tu es coéternel à l’Esprit. C’est toi qui as tout créé de rien, toi, le roi des anges, toi que les abîmes redoutent. Tu as pour manteau la lumière (Ps 103,2). C’est toi qui nous a faits et modelés avec de la terre (Gn 2,7), toi qui as créé les êtres invisibles. Toute la terre s’enfuit loin de ta face (Ap. 20,11). Comment avons-nous accueilli ta royauté et ta souveraineté ?  »

Alors le Roi des rois leur répondra : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. Chaque fois que vous avez accueilli et vêtu ces pauvres dont j’ai parlé, et que vous leur avez donné à manger et à boire, à eux qui sont mes membres (1Co 12,12), c’est à moi que vous l’avez fait. Mais venez dans le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Vous jouirez éternellement des biens de mon Père qui est aux cieux, et de l’Esprit très saint qui donne la vie. »

Quelle langue pourra donc décrire de tels bienfaits ? « Personne n’a vu de ses yeux ni entendu de ses oreilles, le cœur de l’homme n’a pas imaginé ce qui a été préparé pour ceux qui aiment Dieu » (1Co 2,9).