La Philocalie–Desclée de Brouwer/J.–C. Lattès, t.2 – p. 657

20. Il est dit que Dieu est Esprit, et que ceux qui l’adorent doivent l’adorer en esprit et en vérité (Cf. Jn 4,24). Il est dit « ceux qui l’adorent », au pluriel, et non « celui qui l’adore », au singulier. Et c’est bien naturel, dès lors qu’il veut sauver tous les êtres et les mener à la connaissance de la vérité (Cf. I Tim. 2,4), lui qui a préparé nombre de demeures différentes (Cf. Jn 14,2) pour la jouissance éternelle de ceux qui seront justifiés, lui l’ange du grand conseil (Cf. Is. 9,5), le sauveur qui, dans la hauteur de son amour de l’homme, tend ses mains levées pour appeler ceux dont la réflexion est sage, ou folle, faible et malade.

Un même chemin salutaire est donc offert à tous les hommes, une fois pour toutes. Ils y sont conduits par des voies multiples et ils le prennent de bien des manières, selon l’état et la résolution de chacun, et j’ajouterai selon sa force, et bien sûr l’enseignement de celui qui l’a mené à Dieu et qui a choisi d’adorer Dieu, comme il a été dit. Car il arrive qu’on ne soit pas sûr de celui qui a enseigné, et qu’on doute que sa nature soit bonne. Mais alors on a manqué le but parfait, qui est en Dieu.

Certains, par ailleurs, ont bien un maître éprouvé dans les choses divines et spirituelles, mais par leur inaptitude, ils ont été empêchés de parvenir à la perfection. Cependant les uns et les autres, et au fond tous, s’ils le veulent, peuvent adorer Dieu en Esprit et en Vérité, soit selon l’ordre propre à chacun, soit, il faut le dire, selon sa force, soit selon le don qu’il a reçu du Dieu de l’univers.