Dixième homélie pour la Nativité §5, SC 22 bis, p.197-199

Ne nous laissons donc pas troubler par le dessein de la miséricorde de Dieu qui nous réforme pour nous donner et l’innocence et la vie ; puisque nous reconnaissons dans notre Sauveur les caractères évidents de sa double nature, ne doutons ni de la vérité de sa chair dans sa gloire divine ni de la majesté de sa divinité, dans son abaissement humain. C’est le même qui est dans la condition divine et qui a pris la condition d’esclave. C’est le même qui demeure incorporel et assume un corps. C’est le même qui est inviolable en sa puissance et passible en notre faiblesse. (…)

Cette profession de foi, bien-aimés, ne redoute aucune contradiction, ne se dérobe devant aucune erreur. Par elle, en effet nous reconnaissons la miséricorde de Dieu, promise dès le commencement et préparée avant les siècles.  Seule cette miséricorde pouvait affranchir l’humanité captivé des liens par lesquels l’auteur du péché ce mauvais conseiller, avait enchaîné le premier homme et toute sa postérité. (…)

Réjouissons-nous donc de ces deux natures en lui, car ce n’est que par les deux que nous sommes sauvés ; ne séparons en aucune manière la nature visible de celle qui est invisible, celle qui est corporelle de l’incorporelle, celle qui est passible de l’impassible, celle que l’on peut toucher de celle qui ne peut l’être, la condition d’esclave de la condition divine ; en effet, bien que l’une existe, immuable depuis toujours, tandis que l’autre a commencé dans le temps, elles ne peuvent cependant plus subir, depuis leur union, ni séparation ni fin ; celle qui élève et celle qui est élevée, celle qui glorifie et celle qui reçoit la gloire se sont attachées l’une à l’autre à un tel point que, dans l’exercice de la toute-puissance comme dans l’acceptation des opprobres, ce qui est divin dans le Christ n’était pas séparé de ce qui est humain, pas plus que ce qui est humain ne l’était de ce qui est divin.

C’est en croyant cela, bien-aimés, que nous sommes de vrais chrétiens.