Commentaire sur le Livre des Nombres, 2 ; PG 69, 619 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 193)
Le Christ, prémices de la nouvelle création…, après avoir terrassé la mort, est ressuscité et monté vers le Père comme une offrande magnifique et resplendissante, comme les prémices, en quelque sorte, de la race humaine rénovée, incorruptible… On pourrait le considérer sous le symbole de la gerbe des prémices du blé que le Seigneur a demandé à Israël d’offrir dans le Temple (Lv 23,9). Que représente ce signe?
On peut comparer le genre humain aux épis d’un champ. Ils naissent de la terre, ils attendent d’avoir obtenu toute leur croissance et, au moment voulu, ils sont fauchés par la mort. C’est ainsi que le Christ disait à ses disciples : « Ne dites-vous pas : Encore quatre mois et ce sera la moisson ? Et moi je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs qui se dorent pour la moisson. Dès maintenant le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle » (Jn 4,35-36). Or le Christ est né parmi nous, il est né de la Vierge sainte comme les épis sortent de la terre. Parfois d’ailleurs il se nomme lui-même le grain de blé : « Amen, amen, je vous le dis : si le grain tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit. »
Ainsi s’est-il offert pour nous à son Père, à la manière d’une gerbe et comme les prémices de la terre. Car l’épi de blé, comme nous-mêmes d’ailleurs, ne peut être considéré isolément. Nous le voyons dans une gerbe, formée de nombreux épis d’une seule brassée. Le Christ Jésus est unique, mais il nous apparaît et il constitue réellement une sorte de brassée, en ce sens qu’il contient en lui tous les croyants, évidemment dans une union spirituelle. Sans cela, comment saint Paul pourrait-il écrire : « Avec lui il nous a ressuscités, avec lui il nous a fait régner aux cieux » ? (Ep 2,6-7)
En effet, puisqu’il s’est fait l’un de nous, nous ne faisons « qu’un seul corps avec lui » (Ep 3,6)… Lui-même adresse d’ailleurs ces paroles à son Père : « Je veux, Père, comme toi et moi nous ne faisons qu’un, qu’eux aussi ne fassent qu’un avec nous » (Jn 17,21). Le Seigneur donc est prémices de l’humanité destinée à être engrangée dans les greniers du ciel.
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