Homélie 6 contre la richesse ; PG 31, 275-278

Que répondras-tu au souverain juge, toi qui habilles tes murs et n’habilles pas ton semblable ? toi qui pares tes chevaux et n’as pas même un regard pour ton frère dans la détresse ?… toi qui enfouis ton or et ne viens pas en aide à l’opprimé ?…

Dis-moi, qu’est-ce qui t’appartient ? De qui as-tu reçu tout ce que tu portes à travers cette vie ?… N’es-tu pas sorti nu du sein de ta mère ? Et ne retourneras-tu pas à la terre également nu ? (Jb 1,21) Les biens présents, de qui les tiens-tu ? Si tu réponds : du hasard, tu es un impie qui refuse de connaître son créateur et de remercier son bienfaiteur. Si tu conviens que c’est de Dieu, dis-moi donc pour quelle raison tu les as reçus.

Est-ce que Dieu serait injuste en répartissant inégalement les biens nécessaires à la vie ? Pourquoi es-tu dans l’abondance et celui-là dans la misère ? N’est-ce pas uniquement pour qu’un jour, par ta bonté et ta gestion désintéressée, tu reçoives la récompense, alors que le pauvre obtiendra la couronne promise à la patience ?… A l’affamé appartient le pain que tu gardes ; à l’homme nu le manteau que tu recèles dans tes coffres… Ainsi tu commets autant d’injustices qu’il y a de gens que tu pouvais aider.