La Philocalie–Desclée de Brouwer/J.–C. Lattès, p. 377

47. Celui qui n’est pas encore parvenu à la connaissance divine qu’opère l’amour, s’enorgueillit de ce qu’il fait selon Dieu. Mais celui qui a été jugé digne d’atteindre cette connaissance dit de tout son cœur les paroles du patriarche Abraham, quand il lui fut donner de voir l’apparition divine : « Je suis terre et cendre» (Cf. Gn. 18,27).

48. Celui qui craint Dieu a toujours pour compagne l’humilité. Et par les pensées qu’elle lui inspire, il parvient à l’amour divin et à l’action de grâce. Elle lui rappelle comment il vivait autrefois selon le monde, les défaillances de toute sorte, les tentations qu’il a connues depuis sa jeunesse, comment le Seigneur l’a délivré de tout cela (Cf. II Tm. 3,11), et l’a fait passer de la vie passionnée à l’existence selon Dieu. Alors, avec la crainte, il reçoit aussi l’amour et, plein de profonde humilité, ne cesse de rendre grâce au bienfaiteur et au guide de notre vie.

49. Ne souille pas ton intelligence en accueillant les pensées de convoitise et de colère, pour ne pas tomber, déchu de la prière pure, dans l’esprit d’acédie.

50. Dès lors qu’elle entretient en elle des pensées mauvaises ou souillées, l’intelligence perd la liberté qu’elle avait de se confier à Dieu.

51. L’insensé mené par les passions, quand un mouvement de colère le trouble, se hâte de fuir les frères inconsidérément. Mais quand il est de nouveau échauffé par la convoitise, il change d’avis et retourne vers eux en courant. Le sage, dans les deux cas, fait le contraire. Quant à la colère, il se garde d’affliger contre les frères. Et Quant à la convoitise, il s’interdit toute impulsion et tout entretien irraisonnés.