La Philocalie–Desclée de Brouwer/J.–C. Lattès, t.2 – p. 818
Les Pères diffèrent dans leurs recommandations sur la manière dont nous devons prier. L’un demande de dire la prière toute entière : « Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi. » L’autre, d’en dire la moitié : « Jésus, Fils de Dieu, aie pitié de moi », ce qui est plus facile pour la faiblesse de l’intelligence. Car l’intelligence seule ne peut dire d’elle-même purement et parfaitement « Seigneur Jésus », sinon par l’Esprit Saint (Cf. ICor. 12,3).
Il ne faut pourtant pas changer constamment les paroles, et les dire négligemment tantôt d’une manière, tantôt d’une autre. Mais on peut changer de temps en temps, pour ne pas se lasser de la répétition.
De même, les uns nous enseignent à dire la prière avec la bouche, et d’autre avec l’intelligence. Je dis qu’il faut faire les deux. En effet, tantôt l’intelligence se relâche et ne peut rien dire seule, tantôt c’est la bouche qui est lasse. C’est pourquoi il faut prier avec la bouche et avec l’intelligence, tantôt avec l’une, tantôt avec l’autre.
Cependant, quand on prie avec la bouche, on doit dire la prière calmement, humblement, sans trouble, pour que la voix ne vienne pas brouiller et entraver l’attention de l’intelligence, jusqu’à ce que celle-ci s’habitue à la durée et progresse dans cette œuvre de la prière, en recevant de la grâce du Saint-Esprit le pouvoir de prier seule. Alors il n’est plus besoin de parler avec la bouche. Ce n’est même plus possible. Car dans la gratitude et la joie, nous dirons la prière avec la seule intelligence.
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