La Philocalie–Desclée de Brouwer/J.–C. Lattès, t.2 – p. 649

15. De même que le corps visible de l’homme est une image où transparaît ce qui en lui est invisible, de la même manière le Paradis de toute beauté que dans sa sagesse Dieu planta en Éden à l’Orient (Cf. Gn. 2,8)  est une image de l’homme intérieur qui a pour terre son propre cœur et pour arbres (ces arbres que doit planter de toute volonté l’intelligence créée à l’image de Dieu)  les nombreuses et diverses contemplations de Dieu, les pensées et singulièrement les manifestations divines.

Ces contemplations comportent toute une variété de formes et d’odeurs spirituelles. J’ajouterai qu’elles sont une nourriture, une jouissance, et bien sûr un plaisir. Les choses de l’Éden signifient ce qu’est le cœur qui s’en nourrit naturellement et qui trouve clairement dans le divin son plaisir et sa jouissance.

Le paradis sensible est à l’orient sensible du soleil. Mais le paradis intelligible est dans l’homme, sous la lumière de la connaissance du soleil intelligible. Car d’après les Pères, il est impossible au cœur qui n’a pas la lumière de la connaissance, de porter les pensées, les visions et les manifestations de Dieu, et d’être entièrement comblé par les représentations divines les plus simples et les plus accomplies, comme l’est la nouveauté d’un paradis au-delà du monde.