CC Sermon 76, 317 ; PL 57, 353 (trad. coll. Pères dans la foi, Migne 1996, p. 117)

Se retournant, le Seigneur fixe son regard sur Pierre. Et Pierre, prenant conscience de ce qu’il vient de dire, se repent et pleure… ; il fond en larmes et reste muet… (Lc 22,61-62) Oui, les larmes sont des prières muettes ; elles méritent le pardon sans le réclamer ; sans plaider leur cause elles obtiennent miséricorde… Les mots peuvent ne pas réussir à exprimer une prière, jamais les larmes ; les larmes expriment toujours ce que nous ressentons, alors que les paroles peuvent être impuissantes. Voilà pourquoi Pierre ne recourt plus à des paroles : les paroles l’avaient poussé à trahir, à pécher, à renier sa foi. Il préfère avouer son péché par des larmes, ayant renen parlant…

Imitons-le dans ce qu’il dit par ailleurs, quand le Seigneur lui demande trois fois : « Simon, m’aimes-tu ? » (Jn 21,17) Trois fois, il répond : « Seigneur, tu sais que je t’aime. » Le Seigneur lui dit alors : « Pais mes brebis », et cela par trois fois. Cette parole compense son égarement précédent ; celui qui avait renié le Seigneur trois fois le confesse trois fois ; trois fois il s’était rendu coupable, trois fois il obtient la grâce par son amour. Voyez donc quel bénéfice Pierre a tiré de ses larmes ! … Avant de verser des larmes, c’était un traître ; ayant versé des larmes, il a été choisi comme pasteur, et celui qui s’était mal conduit a reçu la charge de conduire les autres.