Le Grand Carême, P. Alexandre Schmemann, éditions abbaye de Bellefontaine 1974 (spiritualité orientale n° 13), p.12 – 13.
Telle est la foi de l’Église, affirmée et rendu évidente par ses saints innombrables. Et cependant n’expérimentons-nous pas journellement que cette foi est bien rarement là nôtre, que toujours nous perdons et trahissons la vie nouvelle que nous avons reçue en don et que, en fait, nous vivons comme si le Christ n’était pas ressuscité des morts, comme si cet événement unique n’avait pas la moindre signification pour nous ?
Tout ceci en raison de notre faiblesse, à cause de l’impossibilité où nous sommes de vivre constamment de foi, d’espérance et de charité, au niveau auquel le Christ nous a élevés lorsqu’il a dit : « Cherchez avant tout le Royaume de Dieu et sa justice ».
Nous l’oublions, tout simplement, tant que nous sommes occupés, immergés dans nos occupations journalières, et parce que nous oublions, nous succombons. Et par cet oubli, cette chute et ce péché, notre vie redevient « vieille » de nouveau, mesquine, enténébrée et finalement dépourvue de sens, un voyage dépourvu de sens vers un but sans signification.
Nous faisons tout pour oublier même la mort, et voici que tout à coup, au milieu de notre vie si agréable, elle est là, devant nous, horrible, inévitable, absurde. Nous pouvons bien, de temps à autre, reconnaître et confesser nos différents péchés, mais sans pour autant référer notre vie à cette vie nouvelle que le Christ nous a révélée et nous a donnée. En fait, nous vivons comme s’il n’était jamais venu.
Là est le seul vrai péché, le péché de tous les péchés, la tristesse insondable et la tragédie de notre christianisme, qui ne l’est que de nom.
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