« Seigneur qui aimes les hommes, Toi qui est le Dieu de la Paix et le père des miséricordes »

Nous nous adressons à Toi, le cœur affligé, Te demandant miséricorde et pardon et implorant ta sollicitude pour nous mener vers la paix. Nous demandons que Tu sois longanime avec nous, que Tu nous prennes en pitié et que Tu nous diriges vers la raison et la prise de conscience, nous les hommes créés à Ton image et à Ta ressemblance.

Le 18 octobre dernier, le père Fadi Haddad, prêtre de la paroisse dédiée au prophète Élie le Zélé à Katana est parti pour une noble mission humanitaire: aider à libérer un de ses paroissiens qui avait été kidnappé quelques jours auparavant. Mais ce qui est arrivé est très difficile à croire : le père Fadi lui-même et  une autre personne qui l’accompagnait ont été pris en otage avec la rançon qu’ils avaient apportée et la voiture du père. S’en sont suivies d’éprouvantes négociations avec les ravisseurs qui ont exigé une grosse somme d’argent.

Nous espérions pouvoir compter sur l’appel à la conscience pour empêcher une tournure dramatique de la situation. C’est pourtant ce qui s’est malheureusement produit  par la découverte le jeudi 25 octobre 2012 dans la région de Droucha, du corps du père Fadi Haddad défiguré et portant des traces de tortures indescriptibles. Le père Élias ElBaba, prêtre du village de Hiné l’ayant reconnu, a fait transféré le corps au dispensaire de Katana et a informé le siège du patriarcat à Damas de son martyre afin que son sang pur soit offert comme une offrande sur l’autel de la réconciliation et de l’entente.

Nous nous adressons au Dieu très haut en demandant pour lui la miséricorde et le pardon. Mais en même temps, nous condamnons très fermement cet acte odieux et barbare qui est de s’attaquer à des civils et des innocents ainsi qu’à des religieux qui essayent d’être des acteurs de la paix rapprochant les cœurs les uns des autres, pansant les blessures de ceux qui souffrent, consolant les éprouvés et fortifiant ceux qui sont affaiblis en ces temps de crise. Nous exprimons de même notre profonde peine pour tout ce que notre pays bien-aimé subit d’actes si répréhensibles, qu’il n’en a pas connu de pareils durant sa longue histoire riche en témoignages de vie fondée sur la charité, la coopération, la paix et l’harmonie.

Nous implorons tous les citoyens, toutes les associations caritatives et toutes les personnes de bonne volonté et de bonnes intentions, et qui sont majoritaires parmi notre peuple qui est bon, paisible aimant la vie, de nous rejoindre dans la dénonciation de tout ce qui se produit : rapts, meurtres, destructions, vols et atteintes à la sécurité et à la vie paisible des citoyens en appelant au dialogue, à la paix et à l’entente, tout particulièrement les religieux parmi eux.

Nous appelons aussi tous les enfants de ce pays à coopérer et à se montrer solidaires pendant ces périodes pénibles pour encercler tous les maux qui nous guettent dans l’espoir de mettre fin à cela et au bain de sang des innocents qui coule quotidiennement et dont les victimes viennent de toutes les catégories sociales du pays. Nous espérons ainsi mettre un point final à ces exécutions par tous les moyens humains à disposition pour instaurer la paix à la place de la guerre, l’amour à la place de la haine et le rapprochement à la place de l’éloignement ainsi que témoigne notre histoire commune.

Nous disons avec certitude à nos enfants bien-aimés que nous sommes les enfants de la Résurrection et de la Vie car notre Seigneur nous a enseignés en disant : « Je suis le chemin, la vérité et la vie »

Nous sommes les enfants de l’espérance qui vaincra tout sentiment humain de faiblesse. Nous leur rappelons que la crucifixion du Sauveur a précédé sa Résurrection d’entre les morts. Et que le chemin du Golgotha s’est terminé par la Vie jaillissante du tombeau et par la lumière de la glorieuse Résurrection du Sauveur.

Nous exhortons tous les fidèles à rester fermes dans la foi et dans l’espérance par la force de notre Seigneur qui a voulu « que nous ayons la vie et que nous soyons dans l’abondance » (Jn.10,10). Nous les encourageons, avec l’amour du Christ, à rester attachés à leur terre et à leur patrie, et à ne pas rester à pleurer nos disparus dans la tragédie, car la volonté de la vie est de voir croître en nous la foi et l’espérance. Nous les incitions à porter avec nous le regard vers le futur que nous préparons à la force de la foi pour parvenir à la vie en liberté, en dignité pour les fidèles et tous les enfants de notre patrie.

Nous prions le Seigneur pour que le martyre du père Fadi Haddad soit une offrande présentée au nom de tout le peuple et la fin de ces tragiques évènements que nous vivons.

Nous demandons pour notre disparu et bien-aimé martyr la grande miséricorde de Dieu et sa compassion, pour lui, pour tout le peuple et pour notre patrie ainsi que pour les peuples et pays de cet orient accablé.

Siège patriarcal – Damas – le 25 octobre 2012