Homélie 1 sur la Croix et le Larron, 1 ; PG 49, 399-401 (trad. Orval)

Aujourd’hui notre Seigneur Jésus Christ est en croix et nous sommes en fête, afin que vous sachiez que la croix est une fête et une célébration spirituelle. Jadis la croix désignait un châtiment, maintenant elle est devenue objet d’honneur. Autrefois symbole de condamnation, la voici maintenant principe de salut. Car elle est pour nous la cause de biens innombrables : elle nous a délivrés de l’erreur, éclairés dans les ténèbres et réconciliés avec Dieu ; nous étions devenus pour lui des ennemis et des étrangers lointains, et elle nous a rendu son amitié et rapprochés de lui. Elle est pour nous la destruction de l’inimitié, le gage de la paix, le trésor de mille biens.

Grâce à elle, nous n’errons plus dans les déserts, car nous connaissons le vrai chemin. Nous ne demeurons plus hors du palais royal, car nous avons trouvé la porte. Nous ne craignons pas les armes enflammées du diable, car nous avons découvert la fontaine. Grâce à elle, nous ne sommes plus dans le veuvage, puisque nous avons retrouvé l’Époux. Nous n’avons pas peur du loup, car nous avons le bon pasteur. Grâce à la croix, nous ne redoutons pas l’usurpateur, puisque nous siégeons aux côtés du Roi.

Voilà pourquoi nous sommes en fête en célébrant la mémoire de la croix. Saint Paul lui-même nous invite à la fête en l’honneur de la croix : «Célébrons cette fête, dit-il, non pas avec du vieux levain, ni un levain de malice et de perversité, mais avec du pain non fermenté : la pureté et la vérité » (1Co 5,8). Il en a donné la raison en disant : « Parce que le Christ, notre Pâque, a été immolé pour nous » (1Co 5,7).