Discours 26 ; PG 35, 1238 (trad. Eds Ouvrières 1959 p. 45 rev. ; cf Orval)
Un soir, je me promenais au bord de la mer ; comme dit l’Ecriture : « Le vent soufflait avec force, la mer se soulevait » (Jn 6,18). Les vagues se soulevaient au loin et envahissaient le rivage, heurtant les rochers, se brisant et se transformant en écume et en gouttelettes. De petits cailloux, des algues et les coquillages les plus légers étaient charriés par les eaux et jetés sur le bord, mais les rochers demeuraient fermes et inébranlables, comme si tout était calme, même au milieu de ces flots qui venaient les frapper…
J’ai tiré une leçon de ce spectacle. Cette mer, n’est-ce pas notre vie et la condition humaine ? Là aussi se trouvent beaucoup d’amertume et d’instabilité. Et les vents ne sont-ils pas les tentations qui nous assaillent et tous les coups imprévus de la vie ? C’est, je crois, ce que méditait David lorsqu’il s’écriait : « Sauve-moi, Seigneur, car les eaux me sont entrées jusqu’à l’âme ! Arrache-moi de l’abîme des eaux ! Je suis dans la haute mer et le flot me submerge » (Ps 68). Parmi les gens qui sont éprouvés, les uns me semblaient être comme ces objets légers et sans vie qui se laissent emporter sans opposer la moindre résistance ; ils n’ont en eux aucune fermeté ; ils n’ont pas le contrepoids d’une raison sage qui lutte contre les assauts. Les autres me semblaient des rochers, dignes de ce Roc sur lequel nous sommes établis et que nous adorons ; formés par les raisonnements de la vraie sagesse, ceux-là s’élèvent au-dessus de la faiblesse ordinaire et supportent tout avec une constance inébranlable.
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